Par delà I. Deby, le Tchad.

2

7 juin 2013 par wirriyamu2011

Une partie de l’opinion tchadienne s’est émue hier de l’absence de mention expresse au Tchad, à ses soldats et à son President dans le discours prononcé par F. Hollande à l’Unesco. Deux opinions se sont exprimées : l’une pensant qu’il s’agissait d’un désaveu cinglant pour le Président du Tchad et l’autre pensant qu’il s’agissait d’une humiliation des tchadiens. Au fond, ces deux opinions ne sont pas incompatibles. En effet, est il possible de dédaigner un dirigeant sans que les populations qu’il dirige (de gré ou de force) ne se sentent visés? Je ne le crois pas.

De mon avis, il y a une erreur d’appréciation à ne pas avoir salué expressément l’engagement du Tchad dans cette guerre. Cet engagement a été décisif, n’a pas été pris à la légère et a été d’une certaine façon « sans filet » c’est à dire sans aucune garantie que les autres pays suivraient effectivement. Mais par delà tout ceci, qui relève de la gloriole selon certains, je pense que dans aucun pays (à part en France) on a senti une telle mobilisation de la classe politique et des institutions. I. Deby n’a pas pris cette décision seul. Il est impensable de croire qu’il en aurait seul le mérite comme il est impensable d’imaginer qu’il porterait seul la croix des morts tchadiens. Je pense que si Hollande cherchait un angle pour parler du Tchad dans cette affaire, il aurait pu saluer « Le Tchad, son Président I. Deby et l’ensemble des institution (et je pense au parlement) qui toutes tendances confondues ont soutenu cette intervention » complété par un salut des soldats tombés au front » Cette forme de salutations eut de bon équilibre. On ne peut citer Damien Boiteux et oublier la trentaine de tchadiens, ça ne sonne pas bien.

Beaucoup pensent que le seul responsable de cette humiliation du Tchad, c’est le Président tchadien qui par les arrestations perpétrées pour cause de présumé putsch a non seulement brisé le consensus mais plongé l’ensemble de ses partenaires dans une gêne incroyable.  Certes les actions du Président Deby sont graves mais il est une chose qu’il faut rappeler:  Il faut être conforme à l’esprit de la circonstance qui vous réunit sinon vous en viendrez à parler des dettes que vous détenez entre vous le jour d’un mariage. Je veux dire par là qu’il est juste techniquement impossible de parler du Mali sans parler du Tchad. Il est encore plus difficile de parler de menaces terroristes dans la région en évoquant juste le Niger. Et désolé de le dire, pour ce qui est du cas Malien, I. Deby n’a manqué à aucun de ses devoirs. Je dis bien aucuns. Cela ne vaut pas une couverture ad vitam eternaem mais cela a un sens historique profond qu’un homme (fut il Président Français) ne peut effacer.

Enfin, et de façon générale, nous restons focalisés (nous ici dans notre microcosme parisiano-intellectuel) sur le geste de Paris, le regard de Paris, la main de Paris. C’est assez perturbant au fond. Il nous faudrait en sortir un jour. Je sais l’importance du dialogue et des échanges avec la France ( dont l’ampleur et la profondeur ne sont pas remis en cause d’un iota concernant le Tchad) mais je sais aussi que là bas au pays, au quotidien, ils s’en foutent et ils ont raison.

Je voudrai pour finir remercier le Tchad, son peuple, son armée qui a donné son sang pour un peuple frère. Je voudrai saluer les opposants tchadiens qui , au parlement, ont autorisé cette opération ( qui pouvait etre récupérée) , je voudrai dire que sans le Tchad, le sanctuaire d’Aqmi serait intact. Ne l’oublions jamais . Ne l’oubliez pas surtout pas quand vous êtes réunis pour parler du Mali.

2 réflexions sur “Par delà I. Deby, le Tchad.

  1. Dr DOUMPA MASMIAN dit :

    JE SUIS PLEINEMENT D’ACCORD AVEC TON ARTICLE

Répondre à wirriyamu2011 Annuler la réponse.